18H - 20H
La faculté des Langues organise, avec le soutien financier de la fondation Eurasia (from Asia) un cycle de 14 conférences multidisciplinaires sur les cultures et sociétés en Asie orientale. Elles sont assurées par des chercheur.es français.es et internationaux/ales avec une visée de vulgarisation.
Intervenante : Agnès Giard
Anthropologue rattachée à l’Université de Paris Nanterre, Agnès Giard est l’auteur de 7 livres dont 3 ont été traduits et publiés au Japon. Sa thèse – Un désir d’humain Les love doll au Japon (publiée aux Belles Lettres) – est distinguée par le prix GIS -ICAS qui récompense les travaux publiés dans le domaine des études asiatiques. Ses recherches portent sur l'industrie japonaise des simulacres amoureux – épouse holographique, fiancé numérique, robot d’intercession matrimonial, deadbot sentimental – dans le contexte du dépeuplement du Japon. … Son prochain livre, en 2023, portera sur les technologies émotionnelles au Japon.La conférence est aussi accessible sur TeamsS’il faut en croire les dernières projections, les Japonais pourraient perdre un tiers de leur population en âge de travailler d'ici 2040.
Cette projection alarmiste, bien sûr, n’a qu’une valeur symbolique mais elle frappe les esprits. Jugée coupable d’entraîner la nation vers l’extinction, la jeunesse japonaise doit faire face aux attaques : on l’accuse de mollesse, d’hédonisme et d’égoïsme. On l’accuse surtout de s’adonner à la consommation « addictive » de personnages généralement féminins ou enfantins, tous plus mignons les uns que les autres, produits en masse au sein d’une industrie structurée suivant les principes du Media Mix.
Cette pratique culturelle singulière (l’équivalent du rouleau compresseur médiatique) encourage les fans à contribuer eux aussi à la prolifération de personnages qu’ils récupèrent et qu’ils font circuler via les réseaux sociaux afin d’exprimer leur amour pour eux. La propension des personnages à « envahir » le monde – les écrans, les vitrines, les couvertures des magazines, les sacs ou les produits de consommation courante – va d’ailleurs souvent de pair avec l’ambivalence du message qu’ils véhiculent : à la façon de virus Internet, les personnages se font les messagers d’une angoisse latente, diffuse, collectivement partagée concernant l’avenir.
Y a-t-il une place pour l’humain dans le monde du futur ? Plus les personnages se multiplient, plus le nombre d’humains semble reculer dans les fictions qui assurent leur succès. Plus ils sont attirants (plus les humains se laissent affecter, voire infecter, par ces créatures), plus ils sont associés au thème de l’extinction. Pourquoi les animes ou les vidéo-clips montrent-ils si volontiers la fin du monde comme un phénomène inéluctable, voire désirable ? En s’appuyant sur l’analyse d’images (clips, séries, jeux vidéo) issues du Media Mix japonais, les discussions permettront d'identifier les stratégies qui se déploient derrière cette mise en scène « fun » de la fin.
https://teams.live.com/meet/9412292052497
Prochains rendez-vous :
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Informations pratiques
Lieu(x)
Campus Berges du Rhône