Publié le 13 septembre 2023 Mis à jour le 26 septembre 2023

Écrit par Solange ARBER

Le traducteur allemand Elmar Tophoven (1923-1989) a constitué au cours de sa carrière de riches archives documentant son travail sur les des écrivains tels que Samuel Beckett, Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute et Claude Simon. Elaborant une méthode appelée "traduction transparente" , il a consigné en notes son processus de traduction, d'abord sur des fiches, puis à l'ordinateur. Loin d'être effacé et invisible, le traducteur donne ainsi à voir son travail d'écriture et de création, se manifestant ainsi comme l'auteur du texte traduit.

Cette auctorialité s'ancre tout d'abord dans les discours qui construisent la figure du traducteur, depuis sa biographie jusqu'à sa posture. Elle doit être aussi considérée comme le fruit d'une trajectoire sociale, qui se situe dans un champ de la traduction en voie d'autonomisation. Elle est enfin révélée par l'analyse génétique des manuscrits que la pratique de la traduction transparente a permis de créer et de conserver.

Grâce à cette méthode visant à améliorer la condition des traductrices et traducteurs littéraires, Elmar Tophoven peut non seulement être considéré comme l'auteur d'une véritable oeuvre traductive, mais aussi comme un acteur important ayant contribué à faire reconnaître la dimension auctoriale de toute traduction.
 
À propos de l'autrice 

Solange ARBER est actuellement maîtresse de conférences en Études germaniques à l’Université de Picardie Jules Verne. Elle enseigne l’allemand et ses domaines de spécialité sont la traduction et la littérature allemande du 20ème siècle. Elle a étudié à l’École Normale Supérieure de Paris et à l’université Paris-Sorbonne avant de faire son doctorat en cotutelle entre Sorbonne Université et l’Université de Lausanne, qu'elle a soutenu en 2020. Solange ARBER est membre du laboratoire CERCLL (UPJV) et membre associée de l’ITEM. Elle a été ATER à l'Université Lumière Lyon 2 entre 2019 et 2021. Ceci est son premier ouvrage.