Publié le 3 novembre 2023 Mis à jour le 6 novembre 2023

Awa Ndoye est une étudiante de L3 LLCER Anglais. Très dynamique et souriante, elle a accepté de nous partager son vécu et son expérience en tant qu’étudiante non-voyante à l’Université Lumière Lyon 2.


Bonjour Awa, racontez-nous votre parcours.

Awa Ndoye : Bonjour. J’ai fait mes études au Sénégal à Dakar, je suis arrivée en France en 2016. J’avais d’abord été accepté en gestion, mais ce n’était pas vraiment ce que je voulais faire ; alors j’ai changé pour une licence de droit après laquelle j’ai atterri en licence de lettres, parce que j'ai eu des difficultés en licence de droit et je me suis dit que j'aurais peut-être plus de mal que les autres à être sélectionnée en master. Et je me suis dit « pourquoi ne pas venir faire des études en langues ? » vu que j'ai des aptitudes en langues. Je suis venue me faire une peau neuve. C’était désormais dans mes objectifs de faire une licence de langues, pour pouvoir travailler dans les organisations internationales.

Vous parlez plusieurs langues ?
Awa Ndoye : Je parle espagnol et italien, en plus de l’anglais et du portugais. J’aime bien les langues, j’ai plus d’aptitudes dans leur apprentissage que dans d’autres matières.

Est-ce que la LLCER Anglais vous plaît ?
Awa Ndoye : Oui. En fait j’ai commencé en L1 Sciences du langage en tronc commun pour basculer en deuxième année en LLCER Anglais. En arrivant à l’UFR LESLA je savais déjà que je pouvais aller en LLCER Anglais, et je me suis dit que j’allais faire le tronc commun pour voir d’abord si les langues me plaisaient. Je voulais découvrir des matières similaires pour ne pas m’engager directement sur l’anglais ; je voulais m’assurer que c’est ce que je voulais faire. 
 
Pourquoi avez-vous choisi l’Université Lumière Lyon 2 ?
Awa Ndoye : J’avais déjà entendu parler de la Mission Handicap de l’Université Lumière Lyon 2 en amont. Puis j’ai choisi Lyon 2 parce que le programme de la licence LLCER m’intéressait plus que celui de Lyon 3. A Lyon 2 je pouvais soit faire de l’anglais « simple », soit de l’anglais combiné à de l’espagnol, de l’italien… parce que je préfère les langues latines. Le choix a été vite fait ! (rires) Je ne le regrette pas parce que la Mission Handicap ici est très, très bien. 

Êtes-vous accompagnée dans votre parcours étudiant ?
Awa Ndoye : Aujourd’hui je suis accompagnée par Madame Fontan Mélanie. Ça se passe bien, ça se passe même mieux que dans mon ancienne fac ! (rires)
 
Quels sont les outils qui sont mis en place pour vous aider dans votre réussite aujourd’hui ?
Awa Ndoye : J’ai des aménagements comme les absences justifiées, mais à la base c’était parce que je faisais deux licences en même temps : ma licence en droit et ma première année à LESLA. Cela m’a permis de gérer mon temps, parce que parfois je ne pouvais pas arriver à l’heure en cours, quand il pleut par exemple ! (rires). J’ai également droit à l’enregistrement des cours, la prise de notes par une tierce personne, j’ai droit au tiers-temps pendant les examens aussi, et depuis cette année j’ai un aménagement d’emploi du temps. 
 
En plus, comme vous me l’avez expliqué, vous êtes en totale autonomie. Vous venez à l’Université par vos propres moyens.
Awa Ndoye : Oui tout à fait. 

Est-ce qu’en arrivant à Lyon 2, vous vous êtes sentie intégrée dès la L1 ?
Awa Ndoye : Disons que je ne suis pas solitaire en général ! (rires) J'ai quand même appris à être seule parce que durant mes études, j'ai été confronté à ces choses, des gens qui ne voulaient pas me fréquenter à cause du handicap. Mais à Lyon 2, c’est vrai qu’à un moment donné je me suis sentie isolée, mais ce n'était pas trop grave, parce que moi, mon objectif en venant ici, c'était de réussir mes études. Ne pas me faire des amis d’emblée, ça ne m’a pas vraiment posé problème. Même si au fil du temps les gens se sont rapprochés de moi pour savoir si je n’avais pas besoin d’aide. J'ai connu beaucoup, beaucoup de gens comme ça. J’ai quand même trouvé de la solidarité. Après, je pense qu'il y a un décalage aussi, parce qu’on n’est pas de la même génération. Je pense que ça doit être ça, mais j'ai trouvé les belles personnes que je côtoie depuis la première année. On a fait LESLA ensemble, puis on est venus en langues ensemble. Et ça continue.
 
Que voulez-vous devenir plus tard ?
Awa Ndoye : Moi, je voudrais faire de la traduction et de l'interprétariat. Ce que je vise moi, c'est plus des organisations internationales pour pouvoir utiliser aussi les connaissances que j'ai en droit, notamment pour le lexique. Je pense que je pourrais plus traduire tout ce qui concerne les textes juridiques. J'aimerais bien travailler soit à l’ONU soit au sein de l’Union européenne.
 
Vous avez de l’ambition !
Awa Ndoye : Je connais des gens qui renoncent parce qu’ils se disent qu’ils n’ont pas leur place à fac. Dans mon ancienne université, il y avait une personne malentendante qui a abandonné ses études en droit parce qu’on lui avait dit qu’elle n’avait pas sa place. La mission handicap n'était pas très réactive, si bien qu’en cinq ans je n’ai vu les personnes référentes qu’une seule fois. Finalement c’était l’infirmière de la médecine préventive qui faisait le lien entre moi et la Mission Handicap. Par rapport à Lyon 2, il y a un fossé ! La Mission handicap nous appelle toujours pour savoir si on a des problèmes. Les professeurs les contactent aussi pour savoir ce qu’ils peuvent faire en plus.
 
Les professeurs sont-ils impliqués envers les étudiants en situation de handicap ?
Awa Ndoye : Avec l’implication des professeurs à Lyon 2 on est beaucoup mieux accompagné que dans d’autres fac. Les professeurs sont très volontaires pour nous aider. Moi je sais que je vois beaucoup de professeurs qui me demandent s’ils peuvent faire plus, au-delà de ce qu’ils font déjà. Je trouve ça très bien parce qu’on a besoin de l’implication de nos professeurs, parce que sans ça, la Mission Handicap a beau faire des efforts pour nous aider, si le professeur ne se sent pas impliqué, ça peut être un facteur négatif. 

Dans quel master vous projetez-vous l’année prochaine ?
Awa Ndoye : L’année prochaine je me vois en master Traduction. L’idéal ce serait que je fasse de l’interprétariat en même temps, sauf qu’en France il n’y a pas beaucoup de possibilités. Il faut aller soit à Rennes, soit à Genève, donc en dehors de la France ; parce que les autres universités ne sont pas toujours équipées. Mais le plus important pour moi c’est de faire de la traduction, donc ce qui ferait mon bonheur ce serait d’être acceptée en master Traduction.

Quels sont les outils que vous utilisez pour traduire un texte ?
Awa Ndoye : J'ai ma synthèse vocale sur mon ordinateur. Quand j'ai le texte, la synthèse vocale me lit tout ce qui s'affiche à l'écran. Donc je lis le texte une à deux fois, puis je prends un paragraphe et je le traduis. Je procède comme ça, après je vérifie si je n'ai pas sauté quelque chose.
 
Vous avez envie de partir à l’international ?
Awa Ndoye : Oh oui, j'y ai pensé ! (rires) Même si je me suis dit que non, mais ça va pas être possible, l'adaptation, tout ça. Sur un an ça risque d’être un peu compliqué mais j’y pense pour un semestre. Si ça peut se faire l’année prochaine ou l’année d’après, je veux bien, mais ce n’est pas non plus ma priorité. J’aimerais aller en Angleterre, de préférence Londres. J’envisage d’en parler bientôt à la Mission Handicap.

Quel conseil pourriez-vous donner à un ou une futur.e étudiant.e en situation de handicap qui voudrait étudier à Lyon 2 ?
Awa Ndoye : Moi j’encourage tout le monde à venir à Lyon 2 maintenant ! (rires) Parce que j’ai une belle expérience à Lyon 2, je trouve que tout est fait pour qu’on puisse être bien intégré, pour nous faciliter la tâche, donc franchement maintenant je le dis à tous les non-voyants qui veulent l’entendre, et même à toutes les autres personnes handicapées : à Lyon 2 on est bien accompagnés. J’encourage les gens à venir car peu importe la filière, on nous accompagne de telle sorte qu’on réussisse dans ce qu’on veut faire. 
 

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Laurence BONO, référente Mission Handicap UFR des Langues :