Publié le 11 septembre 2024 Mis à jour le 30 septembre 2024

Émilie Valla est diplômée du Master Traduction et édition littéraires, sous la responsabilité de Sylvain Trousselard, Professeur des Universités. Elle nous présente son parcours et surtout son mémoire de traduction : la bande dessinée Le Buone Maniere de Daniel Cuello.

 
Son parcours
1 – Bonjour Émilie, vous venez de présenter votre soutenance de mémoire pour le Master Traduction et interprétation parcours Traduction et édition littéraires. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours à l’université ?

Émilie : Bonjour ! Je tiens tout d’abord à vous remercier pour ce portrait, c’est une jolie façon de quitter le monde universitaire. Comme vous l’avez dit, je viens de terminer mon Master en Traduction et édition littéraires à l’Université Lumière Lyon 2. Avant cela, de 2018 à 2021, j’ai suivi une licence de Lettres, Langues et Civilisations Étrangères et Régionales (LLCER) en italien à l’université Grenoble Alpes. À l’issue de cette licence, je ne savais pas encore quel Master intégrer et je suis partie pendant un an en Italie avec le programme d’assistanat de langues de France Éducation International. C’est pendant cette année de césure qu’une de mes anciennes professeures de licence m’a conseillé le Master TEL, auquel j’ai décidé de m’inscrire.
 

2 – Vous parlez anglais et italien. Êtes-vous native ou avez-vous appris à l’école ?

Émilie : Ma langue maternelle est le français. J’ai un niveau d’anglais correct, que j’essaie d’entretenir en regardant et en lisant du contenu en version originale, mais je n’ai pas pratiqué depuis le Bac. La particularité du Master TEL, c’est que nous n’avons qu’une seule langue de spécialisation (pour ma part, l’italien). J’ai étudié l’italien à partir de la quatrième, je l’ai donc surtout appris à l’école, mais ma famille maternelle étant vénitienne, j’ai eu l’occasion de m’y rendre plusieurs fois et de pouvoir m’entraîner à parler avec des locaux.
 

3 – Aviez-vous toujours eu envie de faire des études en langues ou s’agit-il d’une opportunité qui s’est présentée à vous ?

Émilie : À vrai dire, je n’ai jamais eu d’idée précise de ce que je voulais faire plus tard pendant ma scolarité. Mais j’avais un bon niveau en italien (et en langues en général) et mon enseignante du lycée, qui est par la suite devenue une amie, m’a encouragé à poursuivre dans cette voie. Je me suis inscrite en licence LLCER car c’était la formation qui se concentrait le plus sur la langue en elle-même (contrairement à la licence LEA par exemple), et c’est ce qui me plaisait.
 

4 – Quel était votre projet initial à la sortie du Bac ? Quel était votre rêve professionnel en entrant à l’université ?

Émilie : Je n’avais pas vraiment de projet ou de rêve professionnel précis, mais je voulais évoluer dans un milieu littéraire, ou au moins culturel. Je savais que mon projet se préciserait au fil des années, de ma formation et des rencontres que j’allais faire. En fait, j’ai vraiment pris conscience que je voulais travailler dans la traduction au cours de ma licence, mes cours préférés étant le thème et la version. Cela s’est confirmé ensuite avec le Master.
 

5 – Pourquoi avoir choisi le master Traduction et édition littéraire ?

Émilie : Pendant mes dernières années de licence, le Coronavirus s’est déclaré et j’ai connu une période très difficile où j’étais en décrochage. Mais j’ai tenu bon et je suis partie en Italie, et j’ai repris contact avec une ancienne professeure qui m’a recommandé ce Master, car je lui avais dit que je ne voulais étudier que l’italien, sans obligation d’étudier l’anglais en plus. C’est en partie pour cette raison que j’ai choisi le Master TEL. C’est aussi parce que j’ai été attirée par l’offre de cours, notamment les cours de sous-titrage, de littérature jeunesse, et de traduction, bien entendu. Comme j’ai toujours eu une appétence pour le domaine culturel, ce Master était le parfait mélange de ce que j’aimais.
 

6 – Pourriez-vous nous raconter un temps fort pendant votre master et qui vous a marqué ? Une rencontre qui vous a marqué ?

Émilie : Je pense qu’il s’agit du projet Délos, que nous avons réalisé avec quelques collègues l’année dernière. Nous participions à un cours d’atelier d’écriture qui se déroulait au Musée des Moulages, et nous avons eu l’opportunité d’écrire des textes dans plusieurs langues, dans le cadre d’une exposition sur l’île grecque de Délos. Nous avons ensuite mis en scène et lu nos textes pendant les Nuits de la lecture, en janvier dernier. C’était un projet vraiment prenant, qui m’a permis de repousser mes limites, car je ne suis pas à l’aise avec la prise de parole en public.
 

7 – Que conseillez-vous aux futures étudiantes et étudiants en langue qui ne savent pas dans quoi elles/ils se sont engagés ?

Émilie : Je leur dirais tout simplement de s’écouter, et de ne pas chercher à tout prix à savoir ce qu’il adviendra par la suite. S’il y a bien une chose que j’ai retenue de mon parcours universitaire, c’est que les choses peuvent se présenter au dernier moment, et là où on ne les attend pas. Tant que l’on fait ce qu’on aime et que l’on s’écoute, les efforts finiront par payer, même si cela peut être décourageant par moments.
 

8 – Si vous deviez donner un seul mot pour qualifier votre parcours, quel mot choisiriez-vous ?

Émilie : Je pense que le mot “polyvalent” correspond bien à mon parcours. J’ai eu la chance de suivre des cours et de vivre des expériences variées, et grâce à ça j’ai appris énormément de choses dans beaucoup de domaines.  Je me dis que beaucoup de portes peuvent s’ouvrir à moi grâce à ça (dans le milieu éditorial, l’audiovisuel, l’enseignement…). 

Son mémoire de traduction
1 – Suite à votre stage de master, vous avez rédigé un mémoire de traduction à partir de l’œuvre La Buone Maniere de Daniel Cuello. Pouvez-vous nous faire un résumé de l’histoire ?

Émilie :  Il s’agit d’une dystopie, qui se déroule de nos jours. Le monde est régi par le “Parti”, qui dicte sa loi et qui impose que tous les écrits soient censurés selon leurs critères. Cette censure est consciencieusement appliquée par les employés du Bureau 84, dirigé par Teo Salsola. Mais au fur et à mesure des années, Teo et les autres membres du Bureau 84 vont commencer à s’interroger sur ce qu’ils font, jusqu’à lancer une rébellion. C’est un livre engagé, qui traite d’un sujet sérieux et qui fait écho à la situation politique actuelle en Italie, mais il y a tout de même des moments plus légers, l’auteur a un humour très piquant.
 

2 – Vous avez fait le choix de traduire une œuvre de bande dessinée. Comment vous est venue cette idée ?

Émilie :  Je suis une passionnée de bandes dessinées, et pendant notre première année de Master, nos enseignants nous avaient invité à travailler sur un ouvrage que l’on aimait. Il s’agissait d’un travail long et laborieux, et je ne me voyais pas passer plusieurs mois / années à traduire un livre qui ne me plaisait pas. J’ai donc fait le choix de traduire cette bande dessinée, que j’ai traduit avec grand plaisir.
 

3 – Quelles sont les difficultés propres à la traduction d’une bande dessinée selon vous ?

Émilie : Il y en a plusieurs, la plus grande étant la transcription de l’oralité. Il ne s’agit pas d’un roman où les tournures de phrases doivent respecter une syntaxe parfaite et où le registre de langue est souvent plus soutenu. Dans une bande dessinée, à part les quelques passages de narration, il n’y a que du dialogue, et il faut que ces dialogues sonnent vrai. Il faut aussi réussir à trouver la voix de chaque personnage, et rester cohérent tout au long du récit : c’est un exercice difficile, et encore plus lorsqu’on traduit depuis une autre langue. Une autre difficulté, c’est qu’il faut essayer de respecter l’espace parfois restreint à l’intérieur des bulles, car l’italien est en général plus concis que le français.
 

4 – Comment avez-vous récupéré les images de la bande dessinée pour votre mémoire ? Avez-vous été en contact avec l’auteur ?

Émilie : J’ai contacté la maison d’édition milanaise Bao Publishing en leur présentant mon projet de mémoire et en leur demandant s’ils disposaient d’une bande dessinée que je pourrais traduire. Ils m’ont alors proposé une sélection de livres qui correspondaient, et j’ai choisi Le Buone Maniere, car c’est celui qui me correspondait le plus, autant par le sujet que par le style graphique de l’auteur. À partir de là, mon interlocutrice Vanessa m’a fait parvenir tous les éléments dont j’avais besoin pour travailler dans de bonnes conditions : le livre italien en .pdf, le livre “vierge” (sans le texte dans les bulles) en .pdf et la police d’écriture du livre. Vanessa a été très présente et m’a aussi donné le contact de Daniel Cuello, l’auteur, qui a répondu à mes questions lorsque j’en avais, mais il restait très occupé par l’écriture de sa prochaine bande dessinée. 
 

5 – Est-ce que vous dessinez ? Voudriez-vous vous lancer dans la bande dessinée ?

Émilie : Je dessinais quand j’étais petite, mais plus du tout aujourd’hui. Je ne compte pas me lancer dans l’écriture ou l’illustration, mais j’aimerais réussir à me spécialiser dans la traduction de bandes dessinées. Je sais que certains auteurs et autrices ont leur traducteur attitré, et j’aimerais réussir à atteindre un jour ce statut.
 

6 – Que vous a apporté la traduction de cette œuvre ? Qu’en ressortez-vous ?

Émilie : Je suis tout d’abord très fière d’avoir mené à bien un tel projet, qui représente plus d’un an de travail et une traduction d’environ 230 pages. J’ai acquis de nouvelles compétences, car je n’avais jamais traduit une œuvre de A à Z, qui plus est une bande dessinée. J’ai par exemple beaucoup aimé travailler sous la houlette de mon directeur de mémoire, car il y a parfois des solutions de traduction auxquelles je n’avais pas pensé et qu’il m’a suggérées, ce qui m’a permis de débloquer certaines situations. Ce travail m’a aussi permis d’entrer en contact avec plusieurs acteurs de la chaîne du livre (des éditeurs, des auteurs, des traducteurs, des correcteurs…).
 

7 – Si vous deviez donner un seul mot pour qualifier ce travail, lequel choisiriez-vous ?

Émilie : Accaparant ! Je peux affirmer qu’il s’agissait de “THE” projet, il m’a demandé beaucoup de temps et d’énergie, surtout pendant les derniers mois où je devais concilier stage et mémoire. Mais la récompense finale en valait la peine, et je sais à présent ce que c’est que de se consacrer pleinement à un projet et de le défendre corps et âme.
 

8 – Que pouvons-nous vous souhaiter pour la suite ?

Émilie : Que mon activité fonctionne ! Je souhaite lancer mon activité de traductrice littéraire (et correctrice en complément) et je suis en train de mener plusieurs projets qui, je l’espère, se concrétiseront. Mon projet principal est de faire publier ma traduction de Le Buone Maniere en France !

Questionnaire de Proust
1 - Quelle est la ville où vous aimeriez vivre ? 
Émilie : Étonnamment, Londres.
 
2 - Quel est votre film culte ? 
Émilie : Les demoiselles de Rochefort, de Jacques Demy.
 
3 – Quel est votre métier de rêve ? 
Émilie : Actrice de cinéma.
 
4 - Quel est votre mot favori ? 
Émilie : Le mot “Ukulélé”.
 
5 - Qu'est-ce qui vous fait peur ? 
Émilie : L’abandon.
 
6 - Quel est le don que vous aimeriez posséder ?
Émilie : Pouvoir me téléporter.
 
7 - Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?
8 - Que vous reproche-t-on souvent ?
Émilie : D’être trop défaitiste.
 
9 - Qu'est-ce qui vous fait rire ? 
Émilie : Les gens qui chutent (sans se faire trop mal).
 
10 - Que détestez-vous ? 
Émilie : Les personnes fermées d’esprit et intolérantes.
 
11 - Quelle est votre devise ? 
Émilie : On récolte ce qu’on sème.
 
12 - Quel est le moment de la journée que vous préférez ?
Émilie : Le moment du petit déjeuner !
 
13- Avez-vous un modèle (scientifique, essayiste, artiste, entrepreneur(e) ou autre…) ou une personne qui vous inspire ?
Émilie : Delphine Seyrig, qui était une actrice et réalisatrice que j’admire beaucoup.